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Le stress oxydant serait-il en cause dans nos insomnies ?

insomnie et stress oxydant

Cette question représente une perspective pour la médecine de demain. Il est bien connu qu’un sommeil réparateur est essentiel pour assurer un bon équilibre physique et psychologique à tous les âges de la vie. Mais, actuellement, on estime qu’environ 20 à 30% de la population européenne est touchée par des insomnies chroniques. C’est un niveau de prévalence alarmant, car les insomnies induisent fatigue, perte de concentration, irritabilité, somnolence excessive.

 

Une nouvelle perspective de prévention et/ou de thérapie pour bien dormir ?

Des recherches récentes montrent un lien bien établi entre manque de sommeil et stress oxydant. Ce dernier correspond à une production accrue de radicaux libres (espèces oxygénées actives) et/ou une altération des systèmes antioxydants de l’organisme. Dans cette situation, la capacité de défense des tissus contre les effets nocifs des radicaux libres est dépassée. Les cellules subissent de nombreux dommages oxydatifs. Le cerveau est connu pour y être particulièrement vulnérable, du fait de l’importance de ses besoins en oxygène, de ses capacités à accumuler le fer, de sa richesse en acides gras polyinsaturés, et de sa faible capacité antioxydante. Plusieurs études indiquent qu’un stress oxydant est induit dans le cerveau suite à une privation de sommeil de plusieurs jours. De plus, il faut savoir qu’un taux optimum de sérotonine est essentiel pour un bon endormissement et un sommeil de qualité. La sérotonine est le neurotransmetteur impliqué dans l’induction du sommeil mais c’est aussi le précurseur de la mélatonine qui régule le cycle circadien. En situation de stress oxydant, la concentration physiologique en sérotonine peut être modifiée (dégradation par oxydation). Ces dernières années, des scientifiques s’intéressent à une approche “antioxydante” pour prévenir et/ou traiter certains troubles du sommeil. L’idée est de maintenir un statut antioxydant optimal de l’organisme.

 

Préserver un potentiel antioxydant optimal pour un bon sommeil au quotidien ?

Chaque individu possède un potentiel antioxydant qui varie en fonction de son patrimoine génétique mais aussi de son mode de vie. Des facteurs tels que le stress quotidien, la consommation d’alcool et de cigarettes, l’exposition au soleil augmentent le stress oxydant. Par contre, une activité physique modérée, le yoga ainsi que de bonnes habitudes alimentaires le réduisent. Une alimentation « santé », riche en légumes et fruits, contient en effet un grand nombre d’antioxydants :

  • des vitamines C et E
  • des oligo-éléments comme le Sélénium, le Cuivre, le Zinc et le Manganèse
  • des caroténoïdes
  • des polyphénols

Des composés bioactifs pouvant agir sur le sommeil sont aussi présents dans certains végétaux. La mélatonine est par exemple retrouvée dans les cerises et les noix.
Superfood
Une hygiène de vie saine est donc nécessaire pour conserver un potentiel antioxydant optimal et un sommeil de qualité. Malheureusement, les personnes en manque de sommeil sont plus sujettes à de mauvaises habitudes alimentaires, avec une irrégularité des repas et une consommation insuffisante de fruits et légumes, qui peuvent augmenter le statut de stress oxydant. C’est donc un cercle vicieux. Le bénéfice d’une alimentation riche en antioxydants pour limiter les effets néfastes du stress oxydant et améliorer divers paramètres du sommeil (durée du sommeil, nombre de réveil) fait l’objet de plusieurs études récentes. SuperfoodLes résultats montrent que la consommation de cerises pourrait améliorer le sommeil en protégeant l’organisme du stress oxydant. La consommation de kiwis, quant à elle, semble améliorer la durée et l’efficacité du sommeil. Enfin, l’ensemble des propriétés des différents composants du thé vert présenterait aussi un intérêt pour la prise en charge des insomnies. Une alimentation fonctionnelle visant à réduire le stress oxydant pourrait donc s’avérer être bénéfique. Des recherches complémentaires sur un plus grand nombre d’insomniaques sont nécessaires pour consolider cette hypothèse.

Young woman meditating in the mature.La pratique du yoga agit aussi positivement sur le statut de stress oxydant et sur la qualité de sommeil de certains patients. Les exercices respiratoires du yoga permettent non seulement de gérer le stress mais aussi d’améliorer les défenses antioxydantes des individus. Une méta-analyse indique que des exercices apportant relaxation et méditation affectent les neurotransmetteurs, l’inflammation et le statut en stress oxydant des sujets. Il est donc possible que l’amélioration du sommeil par la pratique du yoga se fasse entre autres par un contrôle de cette oxydation. Reste cependant à renforcer cette théorie de mécanisme d’action avec de futurs travaux de recherche.

 

Que faire en cas d’insomnies ?

Il faut garder à l’esprit que la solution pour prévenir et traiter des insomnies est souvent multifactorielle : une alimentation santé riche en antioxydants et une bonne gestion du stress (par le yoga par exemple) sont des bases essentielles. Mais, il est aussi important de bien comprendre que d’autres règles simples d’hygiène de vie sont nécessaires pour assurer un sommeil de qualité : respect des rythmes du corps (coucher et lever à heure fixe), activité physique régulière et modérée, perte de poids si nécessaire, réduction de la consommation d’alcool le soir. Enfin, une alimentation chronobiologique (petit-déjeuner protéiné, apports glucidiques en fin d’après-midi et au dîner) et une optimisation micronutritionnelle favorisent la sécrétion des neurotransmetteurs au bon moment de la journée (dopamine le matin, sérotonine à partir de 16h). La prescription de compléments alimentaires (justifiée par un bilan biologique) est parfois nécessaire pour retrouver un sommeil réparateur. Une prise en charge individualisée par un professionnel de santé qualifié aidera à déterminer la démarche à adopter et il est bien sûr important de vérifier si les insomnies sont la conséquence d’une pathologie sous-jacente qu’il faudra alors traiter.

par Laurence Robinson – Pharmacienne spécialisée en Micronutrition et Nutrition Santé
Photographie par ©inventisinventis sur istockphoto.com (recadrée pour les besoins du blog)

Quelques sources :
Gopalakrishnan A, Ji LL, Cirelli C. Sleep deprivation and cellular responses to oxidative stress, Sleep, 27(1), 27-35, 2004
Favier A. Stress oxydant et pathologies humaines, Annales Pharmaceutiques Françaises, 64(6), 390-396, 2006
Ramanathan L, Hu S, Frautschy SA, Siegel JM. Short term total sleep deprivation in the rat increases antioxidant responses in multiple brain regions without impairing spontaneous alternation behavior, Behav Brain Res., 207(2), 305-309, 2010
Reimund E. The free radical flux theory of sleep, Medical Hypotheses, 43(4), 231-233, 1994
Silva RH, Abilio VC, Takatsu AL, Kameda SR, Grassl C, Chehin AB, Medrano WA, Calzavara MB, Registro S, Andersen ML, Machado RB, Carvalho RC, de A. Ribeiro R, Tufik
S, Frussa-Filho R. Role of hippocampal oxidative stress in memory deficits induced by sleep deprivation in mice, Neuropharmacology, 46, 895-903, 2004
Kalonia H, Bishnoi M, Kumar A. Possible mechanism involved in sleep deprivationinduced memory dysfunction, Methods Find Clin Pharmacol, 30(7), 529-535, 2008

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